La promulgation du statut du fermage en 1946 précipite le métayage vers son crépuscule.
Pourtant, au coeur du Lauragais, entre Toulouse et Carcassonne, comme dans d’autres régions de France, subsistent encore au début des années 50 des métayers. Faute d’autre opportunité, ils continuent à travailler selon ce mode de faire-valoir désuet et contraignant. Le bail de ces miejaires comme on les appelle alors en occitan, les engage à partager à mi-fruit le produit de leur labeur parfois même en dépit de la loi qui prévoit un tiers maximum pour le propriétaire.
Peu empressés à investir ou à convertir ces baux en fermage, certains bailleurs laissent ces exploitations vivoter à l’écart du progrès, à l’heure où s’est pourtant amorcée une mutation agricole historique renforcée par les politiques agricoles d'après-guerre. La mécanisation des travaux s’installe ainsi dans ces métairies - qu’on nomme aussi bordes dans le Lauragais - à pas lents. Très lents. La force humaine et la traction animale y restent prépondérantes, les traditions, les modes de vie et de travail hérités des anciens très prégnants.
Les relations de dépendance propriétaire-preneur établies par ces contrats sont encore renforcées par le fait que ces familles de métayers vivent, nombreuses, à quatre voire cinq générations sous le même toit. Aussi déploient-ils beaucoup d’énergie et d'inventivité pour compléter leurs revenus : élevage, potager, chasse, pêche, journées de travail… Chacun dans la maisonnée, quel que soit son âge, participe à la vie de l’exploitation.
Au terme du bail, certains changent de métairie, remplis de l’espoir de conditions plus favorables et d'une vie plus facile. Alors fin octobre-début novembre, entre deux assolements, s’opère le déménagement.
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